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« On entend le bruit de la mer. La lumière d’hiver est brumeuse et sombre. Il n’y aura aucun autre éclairage que celui-là, il n’y aura que cette lumière d’hiver. Il y a là un homme et une femme… » Marguerite Duras – « Agatha ». Marguerite Duras signe en 1981 avec cette pièce, Agatha, un texte bouleversant de modernité, sulfureux de par le thème qu’il aborde et si finement écrit, décrivant avec une précision parfois déconcertante l’exaltation de ces deux coeurs/corps épris l’un de l’autre. Cette pièce est jouée au Café de la Danse pour quelques représentations exceptionnelles, par deux comédiens de talent, Florian Carove et Alexandra Larangot, dans une mise en scène ingénieuse signée Hans Peter Cloos.

« L’inceste ne peut être vu du dehors, affirmait Marguerite Duras. Il n’a pas d’apparence particulière. Il ne se voit en rien. Il en est de lui comme la nature. Il grandit avec elle, meurt sans être jamais venu au jour, reste dans les ténèbres du fond de la mer, dans l’obscurité des sables des fonds des temps. »
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 Un amour entre un frère (Lui) et une sœur (Elle, Agatha), qui se retrouvent dans leur maison d’enfance, au bord de la mer, avant de se quitter, de nouveau, cette fois-ci définitivement.
La brûlure de l’attirance interdite qui pousse ces deux êtres l’un vers l’autre vient irradier ce dernier face-à-face fait de paroles amples, de souvenirs indécis et de multiples silences…

Avec ce texte si particulier, traitant d’un thème récurrent tout au long de son oeuvre, à savoir l’inceste, Marguerite Duras signe un texte aussi audacieux que dérangeant. Récit des amours interdites entre un frère et une soeur, ce couple incestueux, tumultueux, suscite chez le spectateur une kyrielle de sentiments et d’émotions. Finement écrit, mais aussi finement mis en scène par Hans Peter Cloos, qui met en exergue de nombreux symboles, laissant parfois le spectateur dans une certaine, mais nécessaire expectative. Le spectateur ne sait parfois s’il doit éprouver une certaine empathie pour ces personnages tourmentés ou bien alors une certaine gêne compte tenu du caractère sulfureux de leurs amours. Ce couple maudit, lui aussi, ressent une palette d’émotions très large, passant de l’intense joie des retrouvailles à la grande douleur que représente l’attente dans l’antichambre du désir. Une palette d’émotions parfaitement interprétée par deux comédiens de talent, à savoir Florian Carove et Alexandra Larangot.

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Florian Carove, comédien aguerri d’origine autrichienne, il fait ses études au prestigieux Conservatoire National Supérieur de Vienne. Interprétant de multiples rôles dans des pièces célèbres telles que Roméo et Juliette, En attendant Godot ou encore Cyrano de Bergerac. En 2008, Florian Carove s’installe à Paris et fait la connaissance de Hans Peter Cloos. Il y joue Saleté de Robert Schneider mise en scène par Hans Peter Cloos, la presse française salue alors de manière unanime son talent. Par la suite, il se partage entre le cinéma et le théâtre en Autriche. Avec Agatha, il revient sur la scène française. Après Agatha, il retournera à Vienne, où il a d’ores et déjà de nombreux projets, il retrouvera ensuite la jeune metteur en scène française Lorraine de Sagazan dans Oncle Vania de Tchekhov. Sa prestation dans Agatha est étonnante, totalement habité par son rôle, il n’hésite pas à se mettre dans des postures ou des costumes inconfortables afin de faire ressentir au public tous les tourments qui assaillent son personnage.
Alexandra Larangot débute sa jeune carrière avec Agatha. Après avoir suivi le prestigieux Cours Florent, et participé au Festival l’Aria en Corse, elle signe avec ce rôle un début de carrière des plus prometteur tant sa prestation est remarquable. Sensuelle, tentatrice, un brin toxique, Alexandra est parfaite dans ce rôle sulfureux.
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Durant 1h40, ce couple maudit ne cesse de se désirer, de se déchirer… de s’aimer.  Tout comme Nathalie du blog Le petit monde de Natieak, dont vous pouvez lire la critique de la pièce ici,  j’ai beaucoup apprécié les costumes de Marie Pawlotsky qui entre autres, soulignent la beauté ensorceleuse de l’actrice.
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crédits photos: Laurencine Lot/PhotoLot
Une pièce mettant en scène un des textes les plus exaltants de Marguerite Duras. Un spectacle habilement mis en scène et admirablement servi par deux comédiens très talentueux. Cette pièce est toutefois destinée, à mon avis à un public averti, eu égard au sujet qu’il traite. Un spectacle qui ne vous laissera pas indifférent et dont vous vous souviendrez. 
 
Informations pratiques: Agatha sera interprétée au Café de la Danse du 7 septembre au 7 octobre 2017. Du mardi au vendredi à 20h30, le samedi à 17 h et 20h30, et le dimanche à 16H30.

Café de la Danse
5 passage Louis Philippe
75011 Paris
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