Pour mon dernier article de l’année, je vous présente deux coups de coeur théâtre. Deux pièces très différentes que j’ai beaucoup appréciées et qui se jouent jusqu’à la fin de l’année. Tout d’abord un classique de Feydeau, La Dame de chez Maxim, un vaudeville à la fois léger et un brin caustique, puisqu’il s’agit également d’une critique acerbe de la bourgeoisie de l’époque. En ce moment, au Théâtre Rive Gauche. Mon second coup de coeur s’est porté sur une pièce intimiste, Entrée, Plat, Dessert, ou quand un dîner entre amis tourne au drame sentimental, humain. À découvrir au Théâtre La Croisée des Chemins.

La Dame de chez Maxim – une adaptation contemporaine intelligente et punchy

Ce n’est pas la première fois que j’ai l’occasion de voir La Dame de chez Maxim, je partais donc avec un esprit des plus critiques, tant j’avais apprécié la première représentation que j’avais vue. Cette dernière avait une mise en scène classique signée Roger Planchon, avec des costumes d’époque. Je me souviens de la gouaille sans pareille de Vanessa Guedj qui campait une Môme Crevette furieusement drôle et attachante (TNP de Villeurbanne, 1998). Je vous rassure tout de suite, cette mise en scène de Johanna Boye, est différente, mais très intéressante également, très dynamique, elle saura conquérir les plus jeunes, (et les moins jeunes également). Un peu d’histoire tout d’abord, La Dame de chez Maxim est la pièce la plus longue de Feydeau, puisqu’il s’agit d’une pièce en trois actes, c’est aussi celle qui a connu le plus de succès, elle fut jouée plus de 500 fois. Représentée pour la première fois en 1899 au Théâtre des Nouveautés, cette pièce frappe par la modernité de son texte. Compte tenu de ce franc succès, Feydeau décide même de lui donner une suite, La Duchesse des Folies-Bergères.

Comme le dit Éric-Emmanuel Schmitt, directeur artistique du Théâtre Rive Gauche, « faire du théâtre, c’est écrire sur l’eau ». L’eau, c’est vous, les spectateurs d’aujourd’hui, de demain, et nous nous efforçons de vous composer de jolis souvenirs… Le Théâtre Rive Gauche propose une programmation inventive, audacieuse et variée.

Que fait la Môme Crevette, danseuse au Moulin-Rouge, dans le lit du respectable Docteur Petypon, au lendemain d’une soirée bien arrosée chez Maxim? Les propos surprenants et les manières singulières de la Môme, n’empêchent pas ceux et celles qui la croisent de la prendre pour Madame Petypon. Gabrielle, la véritable épouse, finira-t-elle par découvrir les infidélités de son mari? Quand le demi-monde se frotte au grand monde, la rencontre ne peut être qu’explosive…

Cette pièce de Feydeau, irrésistible de drôlerie, au charme burlesque, offre des situations à la limite de l’absurde. Cette adaptation avec 7 comédiens et 1 musicien, permet d’offrir au spectateur un véritable paysage sociologique des archétypes contemporains. L’univers sonore, omniprésent, est teinté d’influences et de références actuelles, aux sonorités modernes, et aux accents rock. Cette ambiance musicale conduit à inventer de grands tableaux visuels et musicaux, véritables instants de respiration de la pièce. Le musicien multi-instrumentiste, compositeur et créateur de la musique originale, insuffle l’énergie et la dynamique globale de la pièce. Tous les comédiens sont très talentueux, deux mentions spéciales toutefois, tout d’abord pour Pamela Ravassard qui interprète les rôles de Mesdames Petypon et Vidauban, et qui signe, conjointement avec Johanna Boye l’adaptation de la pièce. La seconde mention spéciale étant pour Vanessa Cailhol qui campe une Môme Crevette absolument irrésistible, « Et allez donc, c’est pas mon père! ». Vous pouvez également lire la critique de ma complice Nathalie, Le petit monde de Natieak ici.

crédits photos: Evelyne Desaux, Théâtre Rive Gauche

Vanessa CAILHOL (la Môme Crevette)
Florian CHOQUART ou Laurent PAOLINI (Docteur Petypon)
Arnaud DUPONT (Mongicourt & la Duchesse)
Lauri LUPI (Corignon & Etienne)
Garlan LE MARTELOT (Clémentine & le Duc)
Pamela RAVASSARD (Mme Petypon & Mme Vidauban)
Vincent VIOTTI (le Général)
et le musicien Mehdi BOURAYOU (Emile)

Une excellente pièce à voir en famille, en amoureux, ou entre amis, un classique indémodable. Cette pièce se joue tous les soirs jusqu’au dimanche 31 décembre 2017, à 19h, et dure 1h30. 

Théâtre Rive Gauche

6 rue de la Gaîté

75014 Paris

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Entrée, Plat, Dessert: un dîner entre amis qui tourne au vinaigre…

C’est dans le cadre intimiste du Théâtre La Croisée des Chemins que j’ai eu l’immense plaisir de découvrir cette pièce Entrée, Plat, Dessert, qui m’a émue, touchée. Alexis Bloch, auteur et metteur en scène signe un texte tout en sensibilité et élégance. Ce petit théâtre a pour objectif de promouvoir le spectacle vivant, et c’est une vraie mine d’or à talents, j’avais en effet déjà eu la chance d’y découvrir Ludwig. Un théâtre convivial, intimiste, idéal pour cette pièce mettant en scène un dîner entre amis.

Pierre est marié à Margaux. Il est le meilleur ami de Lise. Margaux est la maitresse d’Arthur, mari de Lise. Celle-ci raconte à Margaux ses problèmes de couple avec Arthur, tandis que cette dernière lui raconte ses inquiétudes au sujet du comportement distant de Pierre depuis quelques temps.
Lise convainc Pierre d’annoncer à sa femme qu’il est atteint d’une sclérose en plaques, dont le diagnostic à été confirmé l’après-midi même. Arthur, fou-amoureux de Margaux, veut également profiter du repas pour que tous les deux quittent leurs conjoints respectifs.

Si le début de la pièce emprunte un ton léger, la révélation du personnage de Pierre, interprété avec justesse et sobriété par Alexis Bloch, fera basculer ce dîner en un véritable drame humain. L’on ressort de cette pièce, ému, triste même. Qu’adviendra t-il de tous ces attachants personnages pris au piège d’un destin bien cruel. Loin d’être moralisatrice, l’écriture d’Alexis Bloch est sensible, humaine…tellement! Il aime ses personnages et cela se devine. Les comédiens, tous issus du célèbre Cours Florent, sont très talentueux, et parviennent à faire partager leur émotion palpable.

Loin d’avoir une vision manichéenne de la situation dramatique qui se joue, le spectateur peut se rendre compte de l’éventail très large d’émotions ressenties par chaque personnage. Ainsi Margaux, femme adultère qui pourrait être jugée trop facilement comme une personne égoïste, est en réalité vraiment amoureuse d’Arthur avec qui elle souhaite vivre cette nouvelle passion. Son personnage éprouve également une infinie tendresse pour son époux Pierre. Prise entre amour et loyauté, quel sera le choix de cette dernière? Arthur, pris entre cette folle passion pour Margaux se laissera t-il culpabiliser par l’annonce de Pierre? Lise, ne cache t-elle pas des sentiments pour Pierre plus profonds qu’elle n’ose se l’avouer? Avec une fin résolument ouverte, des personnages attachants, interprétés par des comédiens de grand talent, soutenus par un très joli texte, je n’ai eu qu’un seul regret, que cela se termine… Je souhaite de tout coeur une suite! Peut-être aurai-je prochainement l’occasion de déposer ma requête auprès d’Alexis Bloch lui-même, qui sait? 

crédits photos: Théâtre La Croisée des Chemins

Alexis BLOCH (Pierre)

Sandra DESZ (Margaux)

Niko RAVEL (Arthur)

Anne SEIGNEURIOUX (Lise)

Une très jolie pièce, pour tout public. À voir encore ce samedi 30 décembre 2017, à 19h30. Cette comédie dramatique dure 1 heure. 

Théâtre La Croisée des Chemins

43 rue Mathurin Régnier

75015 Paris

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