Gaspare Dori (co-auteur de la pièce) et Pamella Edouard (co-auteur et interprète de Lady Macbeth) ont choisi de faire le pari un peu fou d’une réécriture de Macbeth. Ainsi Lady Macbeth est un parti pris évident, audacieux et assumé, pour une réhabilitation de ce personnage féminin souvent diabolisé. À voir en ce moment au Théâtre La Croisée des Chemins.
Lady Macbeth, un plaidoyer pour sa réhabilitation
Gaspare Dori et Pamella Edouard, ont choisi de se référer à une ancienne chronique écossaise relatant des faits remontant à l’histoire de l’Écosse du XIe siècle, reprise au XVIe par Raphaël Holins Hed, la principale source de Shakespeare pour l’écriture de ses drames historiques.
Cette pièce est un véritable plaidoyer pour la rédemption et la réhabilitation de cette femme qui nous apparaît très humaine, mère inconsolable face au deuil de son jeune enfant. Elle nous apparaît également comme étant courageuse, face à son époux dont la couardise n’a d’égale que sa soif de pouvoir. Le texte de la pièce oscille entre reprise littérale de passages shakespeariens, réécriture et libres interprétations. Le texte et l’interprétation sont d’une grande intensité, que la mise en scène intelligente ne fait que renforcer. La présence obsédante du sang est en effet bien rendue, la mise en scène sombre de Serge Sandor, confère une atmosphère quasi mystique à ce huis clos.
Si Shakespeare a trop longtemps diabolisé cette femme, la dépeignant comme une femme ambitieuse, avide de pouvoir, poussant son époux à commettre l’irréparable en tuant Duncan, le parti pris des auteurs est au contraire de comprendre ce personnage féminin, dans ses failles, ses tourments, ainsi que ses responsabilités. Lady Macbeth est sans aucun doute une femme esseulée. Seule dans son château, elle est en proie à ses angoisses et à sa peur de ne plus revoir ni serrer dans ses bras l’homme qu’elle aime, qui se trouve trop souvent à guerroyer sur les champs de bataille. Seule face à l’impossibilité d’une vie différente, cloitrée et sans espoir. Seule dans un deuil immense à la suite de la mort de son fils.
Face à l’absurdité de la vie, face à au caractère inextricable de sa condition, elle a choisi l’action.
Un texte fort, servi par une mise en scène intelligente et des acteurs talentueux. Vous apprécierez ce parti pris audacieux que celui de vouloir voir réhabiliter le personnage de Lady Macbeth, une vision plus féminine que féministe, mais qui défend l’honneur de cette femme qui trop souvent a été victime d’opprobre misogyne. N’hésitez pas à lire également la critique de ma tendre complice Nathalie, Le petit monde de Natieak ici.
Deux comédiens talentueux et passionnés
PAMELLA EDOUARD, comédienne, auteure de théâtre et réalisatrice de documentaires, a été formée à l’ESAD (Ecole Supérieure d’Art Dramatique, Paris), à l’Ecole Lecoq et à l’Atelier Documentaire de La Femis. Lors de son parcours riche de voyages et de rencontres, elle a eu l’occasion de travailler avec de nombreux metteurs en scène comme Peter Brook, Bruce Myers, et John Kani, dans des textes classiques et contemporains au théâtre à Paris, en Angleterre et en Italie. Lauréate du prix d’écriture Brouillon d’un Rêve de la SACD en 2010, elle est aussi diplômée d’un Master Atelier Documentaire de La Femis, d’un Master de Documentaire du Masterschool Documentary Campus de Berlin, en psychothérapie à médiation artistique (Université de Descartes). D’origine mauricienne, elle vit à Paris depuis 1999.
DENIS MATHIEU s’est formé à Nanterre auprès de Jean-Pierre Vincent et Stanislas Nordey qu’il suit quand celui-ci prend la direction du TGP de Saint-Denis en 1998. Sous sa direction, il joue Pasolini, Molière, Werner Schwab. Il est également son assistant sur certaines mises en scènes d’opéra. Il a joué également sous la direction, entre autres, de Robert Cantarella, d’Alain Ollivier, de François Han Van, de Vincent Dussart, de Günther Leschnik. En parallèle, il dirige un certain nombre d’ateliers de pratique théâtrale pour un public d’adolescents et d’adultes et intervient également en milieu carcéral au centre pénitencier de Liancourt.
crédits photos: Chantal Depagne/Palazon; Princesse Acidulée
Vous pouvez aller voir cette très belle pièce au Théâtre La Croisée des Chemins, les vendredis et samedis à 21h30, jusqu’au 21 avril prochain. La pièce dure 1h15.
Théâtre La Croisée des Chemins
43 rue Mathurin Régnier
75015 Paris
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NatieAK
13 avril 2018Coucou
C’était un sacré défi tout de même de revisiter ce grand classique. Mais cela est très bien mené et bien servi par ces deux comédiens . <3
Princesse Acidulée
16 avril 2018Encore une charmante découverte dans ce théâtre intimiste. Mille bises ma belle et bonne semaine <3
Serena
14 avril 2018Coucou la belle,
Et bien, l’interprétation semble vraiment intense et la mise en scène donne envie de foncer au théâtre !
Gros bisous à toi <3
Princesse Acidulée
16 avril 2018Oui c’est un pari réussi pour ce choix audacieux que la réécriture de Macbeth. Bise ma belle.