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« Certaines roses sont éternelles,

la leur était blanche, 

à nous de nous souvenir. » *

C’est avec justesse et sensibilité que Jamais Plus, ce sublime seul en scène écrit et mis en scène par Geoffrey Lopez, nous parle de la résistance allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Antoine Fichaux livre une prestation d’une belle intensité en incarnant un personnage dont l’histoire personnelle va rencontrer l’Histoire avec un grand H. Véritable tranche de vie, ce seul en scène décrit, sans jugement et avec poésie l’enchevêtrement de la vie de ce personnage avec l’histoire de la montée du nazisme et du mouvement de La Rose Blanche. Un appel à la réflexion aussi percutant que sublime. À découvrir absolument au Théâtre du Roi René Paris

Quand la jeunesse allemande se soulève

Jamais Plus est l’histoire de Franz Weissenrabe, un garçon ordinaire, séduit dans sa jeunesse par les activités proposées par les jeunesses hitlériennes. Véritable sympathisant tout d’abord, de ce régime totalitaire, allant même jusqu’à dénoncer son propre père qui souhaitait aider des juifs à fuir l’Allemagne. Puis, face à la violence de l’arrestation de son père et de celle de la famille juive, (« Depuis ce jour, tout a semblé différent. »), celui-ci se remet en question et rompt ses engagements avec le régime, pour rejoindre le mouvement de La Rose Blanche.

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Etincelant de charisme, Antoine Fichaux met parfaitement en lumière les étapes de l’endoctrinement de la jeunesse mis en place par le régime nazi. Avec un large éventail d’émotions, il incarne avec justesse ce personnage, tantôt innocent, tantôt coupable. Grâce à la finesse d’écriture de Geoffrey Lopez et à la qualité de l’interprétation d’Antoine Fichaux, l’écueil du jugement est écarté pour laisser place à un appel à la réflexion sur le patriotisme, le droit à la révolte…

Franz, à travers cette lettre à sa « petite mère » nous raconte son émerveillement d’adolescent tout d’abord, pour les activités proposées par les jeunesses hitlériennes, et l’esprit de groupe qui y est inculqué. « C’était tellement bon de se retrouver tous. De faire du sport, de camper, de chanter devant le feu. Tu sais, petite mère, quand tu chantes devant le feu avec les copains, tu as l’impression d’appartenir à une très grande famille. Plus grande que sa famille à soi, une famille avec que des copains. »

Puis, Franz prend du galon, il est fort, son physique de type nordique est celui tant plébiscité par le régime. Il est fier de représenter l’avenir de son pays, fier d’être l’instrument du Führer. « Nous sommes nombreux (…) marchant au pas, au rythme des tambours, des flammes dans les yeux. Nous sommes fiers, nous sommes les premiers hommes du monde, les premiers hommes de l’avenir. » « Je sens chacune des paroles couler dans mon âme et me renforcer, ce sont elles qui me font bomber le torse. »

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Cette ascension s’arrêta net lorsque le père de Franz fut arrêté, lui ainsi que la famille juive qu’il souhaitait aider à fuir. Terrassé par la violence de l’arrestation, le temps est comme suspendu, Franz ne sera plus le même. « Dans un grand mouvement de manteaux noirs, mon père disparaît, le quincailler, sa femme et ses enfants. » « Mes jambes ne bougent plus. » « Je crois que mes yeux pleurent… » C’est ainsi donc que le personnage de Franz s’engage dans le mouvement de La Rose Blanche. Puis il sera arrêté avec ses compagnons résistants et condamné à mort.

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La Rose Blanche est un groupe principalement d’étudiants, résistants allemands fondé en juin 1942 par Hans Scholl et Alexander Schmorell dans un atelier de peinture de Munich. Ces jeunes refusent le totalitarisme et affirment la primauté de l’individu sur l’entité collective, en distribuant des tracts. L’organisation compte, entre autres, également Sophie Scholl, la soeur de Hans, et Kurt Huber, professeur de philosophie. C’est à cause de leur 6ème tract que les membres de l’organisation sont arrêtés par la Gestapo. En voulant les jeter par-dessus la rambarde à l’université, ceux-ci sont surpris par l’appariteur qui parvient à les bloquer jusqu’à l’arrivée de la Gestapo. Fiers et dignes lors de leur simulacre de procès, les membres de l’organisation sont condamnés à mort pour « haute trahison et intelligence avec l’ennemi, incitation à la haute trahison, atteinte à l’effort de défense ».

Antoine Fichaux, la révélation ardente de ce sublime seul en scène

La presse qualifie Antoine Fichaux de magistral, et c’est effectivement le qualificatif qui convient, tant sa prestation est lumineuse d’intensité. Il incarne avec justesse et délicatesse ce personnage clair-obscur de Franz. Avec de multiples nuances et une interprétation exempt de jugement, le comédien pousse le spectateur à avoir une véritable réflexion sur le patriotisme, l’obéissance collective, l’endoctrinement, ainsi que le droit à la révolte.

« Vous ne le voyez pas encore, mais d’autres viendront. Nous ne serons plus seuls. Nous serons même de plus en plus nombreux. Vous, vous deviendrez rare. Un à un vous quitterez ce pays, un à un vous tomberez. Un jour vous serez ici, à ma place. Moi je n’y serai plus. Jamais plus ».

Une interprétation lumineuse qui contraste avec la noirceur de l’obscurantisme de cette période. Un très beau moment de théâtre. À découvrir jusqu’au 14 avril prochain, au Théâtre du Roi René Paris, du jeudi au samedi à 20h et le dimanche à 17h. 

jamais-plus-geoffrey-lopezcrédits photos: Léo Paget/Coupe-File Communication

*Le texte de ce seul en scène est disponible aux éditions Les Cygnes ici.

jamais-plus-editions-les-cygnescrédit photo: Princesse Acidulée

Théâtre du Roi René 

12 rue Edouard Lockroy

75011 Paris

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