Les Ecchymoses Invisibles nous convient à un huis clos conjugal saisissant. Loin de tomber dans le cliché d’une vision manichéenne qu’offrent parfois certaines oeuvres sur le sujet des violences conjugales, la pièce, grâce au jeu tout en finesse de ses comédiens, ainsi qu’à la subtilité de l’écriture, montre la complexité des liens conjugaux toxiques. À découvrir encore au théâtre Le Guichet Montparnasse.
Un huis clos conjugal bouleversant à portée documentaire
Les Ecchymoses Invisibles est une pièce à portée documentaire tant l’écriture est sans tabou. Le spectateur rentre ainsi dans l’intimité de ce couple bourgeois, Michel et Corinne. Rabaissée et humiliée constamment depuis vingt ans, Corinne ce soir, sent que tout peut basculer. En effet, cette dernière n’a pu faire les courses, tel que le lui avait ordonné Michel son époux (saluons l’excellente prestation d’Eric Moscardo, absolument glaçant en époux pervers narcissique). Ce petit « caillou » (l’absence de courses), va enrayer l’engrenage et faire tout basculer…
La mise en scène est pensée de sorte à ce qu’aucune distanciation ne soit prise entre le couple et le spectateur. Dès lors, l’atmosphère est parfois malaisante, et c’est le but! En effet, Djamel Saïbi, l’auteur et metteur en scène souhaite que le spectateur ressente toute la tension éprouvée par Corinne, subtilement et généreusement interprétée par Emma Dubois. J’ai moi-même tressailli plusieurs fois au son de la voix imposante et du ton déplaisant de Michel. Assise au premier rang, j’étais tantôt submergée par l’angoisse, tantôt par la colère. Le rythme de la pièce est haletant, la violence monte crescendo entre les deux époux, rendant par là même, l’atmosphère parfois oppressante. Si l’on a, bien entendu, le souhait d’aider Corinne, de l’extirper des mains brutales de son oppresseur, cette dernière, par ses atermoiements, illustre bien la complexité psychologique de l’emprise.
Si la violence physique n’est pas montrée, mais bien suggérée, la violence verbale et psychologique quant à elle est bien présente, aiguisée, puissante, blessante. Dans une volonté de survie, un sursaut, un regain ultime d’énergie, Corinne s’exprime, face à son époux, rendant ainsi la parole à de trop nombreuses femmes contraintes au silence.
À découvrir au théâtre Le Guichet Montparnasse, un théâtre intimiste, parfait pour ce huis clos.
crédits photos: Princesse Acidulée/La Déesse Compagnie
Merci à Dominique pour sa gentillesse.
Le Guichet Montparnasse
15 rue du Maine
75014 Paris
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Le petit monde de NatieAk
20 juin 2022Coucou,
On voit parfaitement avec ton retour combien cette pièce bénéficie d’une excellente écriture.
Cela doit être assez fort comme ressenti pour le spectateur.
Gros bisous
Princesse Acidulée
14 mars 2023Une pièce à grande portée pédagogique ma douce <3