Créée le 12 mars 2011, Femmes de fermes, propose le témoignage de femmes, de générations différentes, vivant à la ferme. Si de nos jours vivre à la ferme est un choix, il n’en demeure pas moins difficile avec des conséquences sur le quotidien de ces femmes. Cette pièce à la mise en scène épurée et troublante de sensibilité signée Henri Dalem se veut être plus qu’un simple témoignage, elle souhaite véritablement apporter du sens. Nous dévoiler tout en traitant du monde réel. C’est alors que peuvent naître un regard, une poétique, une théâtralité. (Compagnie Paradoxe(s)). Cette pièce m’a particulièrement touchée de par l’universalité qui s’en dégage ainsi que par la brillante intelligence du jeu des actrices. À voir absolument, en ce moment au Théâtre Le Funambule Montmartre. 

Une peinture sociale qui tend à l’universalité…

Cette création collective de 2011, dirigée et mise en scène par Henri Dalem, d’après le texte Femmes de fermes de Marie-Anne Dalem (Presses du Belvédère), a déjà connu un franc succès, avec déjà plus de 100 représentations à travers la France, dont le très célèbre festival d’Avignon en 2012 et 2015, où elle reçoit le Prix « coup de coeur » du Club de la Presse. Toujours animée par le désir « d’aller chercher son public », de le toucher, la compagnie Paradoxe(s) a conçu ce spectacle pour qu’il puisse s’adapter à des lieux très différents, des théâtres aux salles communales. Le texte de Marie-Anne Dalem est un essai sociologique, une synthèse des témoignages d’une cinquantaine de femmes interviewées dans le Haut-Doubs. Le travail de mise en scène et d’adaptation a donc eu pour but de théâtraliser cette matière pour apprivoiser sa puissante charge émotionnelle.

Femmes de fermes a pour but, comme le précise Henri Dalem, de faire entendre différemment une parole ordinaire: celles des femmes dans les fermes. (…) En amenant cette parole sur scène, en lui retirant ce qu’elle pourrait avoir de folklorique, nous lui donnons une autre valeur. Grâce à une mise en scène épurée, le témoignage de ces femmes de trois générations différentes n’en est que plus poignant. Alternant habilement anecdotes, dialogues, mais aussi des moments de lectures, Femmes de fermes vient toucher l’âme du spectateur. Ces femmes nous font part de leur vie intime, des moments heureux tels que le mariage, mais aussi des moments tragiques tels que le suicide de leur époux, victime par ricochet de la crise économique sans précédent que connaît notre pays. Si les femmes qui vivent à la ferme de nos jours en ont fait le choix, il n’en demeure pas moins un combat.

La voix puissante et sobre de ces femmes résonnent en nous, faisant parfois écho à nos propres choix, nos propres doutes, nos propres vies… Si le sujet abordé est la condition féminine en milieu agricole, l’intelligence du texte transcende le propos initial pour lui conférer une certaine universalité. L’on s’aperçoit en effet rapidement que les divers carcans imposés par la société, le poids des traditions, qui pèsent sur ces femmes de fermes, pèsent également sur les citadines.

La compagnie Paradoxe(s) et les trois actrices

Créée dans le Doubs en 2008, la compagnie Paradoxe(s) porte un théâtre exigeant et contemporain. Son répertoire comprend aussi bien des classiques que des écrits contemporains ou encore du théâtre documentaire. La singularité de cette compagnie théâtrale réside principalement dans le fait que la mise en scène est véritablement considérée comme art contemporain. Avec Femmes de fermes, la compagnie Paradoxe(s) signe un très beau succès, salué tant par le monde de la presse que par le public.

Ce spectacle n’aurait pas cette force sans le talent de ces trois comédiennes. Muriel Racine a rejoint très tôt le CDN de Besançon. Elle participe également à de nombreux projets à Strasbourg. Pamela Ravassard, co-fondatrice de la compagnie Paradoxe(s), a joué dans de nombreuses pièces, notamment La Dame de chez Maxim’s, La Guerre de Goldoni, ou encore Le Chant du Tournesol d’Irina Dalle. Artiste complète, elle est aussi assistante à la mise en scène de M. Bozonnet à la Comédie-Française sur Tartuffe, puis de Volodia Serre sur Le Suicidé (Théâtre 13). Au cinéma, elle interprète un des rôles principaux dans Vivre d’Y. Marciano. Marie-Aline Roule a joué dans de nombreuses pièces dont Chat en Poche de Feydeau, ou encore dans Jean et Béatrice de C. Fréchette. Depuis 2011, elle joue également Hélène dans Les Forains de S. Wojtowicz.

Le Funambule Montmartre

Situé au coeur de Montmartre, Le Funambule, dirigé par Sandra Everro et Julien Héteau, met un point d’honneur à présenter des spectacles prometteurs avec des comédiens encore peu connus. En 2016, Le Funambule connait d’importantes rénovations. Dès lors, la salle peut confortablement accueillir 120 personnes. Le Funambule propose une programmation audacieuse avec des co-réalisations, des spectacles d’auteur… J’ai beaucoup apprécié ce théâtre que j’ai découvert pour Femmes de fermes, avec ma tendre complice Nathalie, du blog Le petit monde de Natieak, vous pouvez retrouver sa critique ici.

crédits photos: Christelle Billault; Fabienne Rappeneau; Princesse Acidulée

Vous pouvez découvrir cette très jolie pièce au Théâtre Funambule Montmartre jusqu’au 19 décembre 2017, le lundi à 19h30, et le mardi à 21h. Le spectacle est pour tout public, et dure 1h15. 

Le Funambule Montmartre

53 rue des Saules

75018 Paris

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