Bouleversante, émouvante à vous fendre l’âme, Pauline Moingeon Vallès, propose dans L’Affranchie un récit de femme poignant qui résonne comme un combat. Un texte fort, servi par une comédienne ô combien talentueuse, et une mise en scène épurée et réaliste signée Elise Touchon Ferreira. Cette pièce a pour point névralgique cette interrogation universelle, Pouvons-nous exister sans la connaissance de nos aînés? Ce seule en scène bouleversant traite de thèmes tels que l’adoption, la filiation, mais aussi la maltraitance infligée aux femmes et aux enfants, sans jamais toutefois devenir une plainte lancinante, puisqu’il s’agit du récit d’une renaissance. À découvrir pour quelques dates au Théâtre de Nesle.

« Ce matin, je me suis réveillée, j’entendais tout! » (Alice)

La pièce commence par un cri, un cri à nous fendre l’âme… Ce cri, c’est celui d’Alice, une belle jeune femme de 36 ans, qui aujourd’hui est affranchie. Trop longtemps écrasée par la méchanceté d’une marâtre qui n’a d’égale que sa bêtise, Alice, martyrisée, rejetée et humiliée par cette mère adoptive qu’elle nomme pudiquement la mère, se voit finalement internée. Privée de son fils, Nim, qui vit chez sa mère adoptive, le quotidien d’Alice durant son internement est rythmé par les diverses consultations avec des psychiatres. Aujourd’hui Alice a 36 ans, elle recouvre sa liberté et est sur le point de rencontrer son fils. C’est durant cette attente qu’Alice se livre à nous et nous offre la parole libératrice et lumineuse d’une femme qui s’éveille…

Si Alice est broyée par cette femme acariâtre qu’est sa mère adoptive, elle l’est aussi par la disparition tragique et mystérieuse de sa mère. Ce vide incommensurable causé par cette absence est lui aussi broyeur d’âme. Comment se construire en l’absence de repère identitaire, sur son passé, sa généalogie? Comment vivre sans cette présence maternelle qui fait si cruellement défaut à Alice? Notre héroïne a donc choisi de survivre plutôt que de vivre, jusqu’à sa renaissance, ces 36 ans. Comme l’exprime l’auteure et la comédienne, Pauline Moingeon Vallès, « Ecrire ce texte s’est présenté comme un exercice de méditation. (…) De même faire un pas vers la source de soi. »

Dans une mise en scène volontairement épurée afin que seul le récit d’Alice capte notre attention, la comédienne Pauline Moingeon Vallès nous dévoile tout son talent, toute sa générosité, elle incarne son personnage. La dessinant sous nos yeux avec son franc parler et ses manies, elle rend Alice particulièrement attachante. La metteur en scène, Elise Touchon Ferreira met en exergue la fabuleuse énergie qui se dégage de la brillante interprétation de Pauline. « Et c’est cette énergie qui est mise en avant dans une interprétation musclée des mots, une corporalité engagée. »

L’Affranchie, une pièce née de la collaboration de deux femmes talentueuses

Pauline Moingeon Vallès a reçu de multiples prix, tels que le Prix de la meilleure actrice pour Le Truc du lendemain lors du Festival du court métrage de Senlis, en 2017. Ainsi que le Prix d’interprétation catégorie Art dramatique degré supérieur pour Hiroshima mon amour au Concours Léopold Bellan, en 2002. Pauline a été formée au Conservatoire du XVIème arrondissement de Paris, puis à l’Ecole supérieure d’art dramatique à Paris, ainsi qu’à l’International Institute of Performing Art à Paris et à Londres. Au théâtre, elle a joué entre autres, dans The night of the iguana de Tenessee Williams (une pièce que j’apprécie beaucoup) au Théâtre de l’Oeuvre; MacBeth de Shakespeare à La Jonquière; L’Exoconférence d’Alexandre Astier au Théâtre du Rond-Point.

Pauline a plus d’une corde à son arc, en plus d’être interprète, elle a également mis en scène Le Dernier voyage de Gabi au Théâtre Clavel. Au cinéma, on a pu la voir dans Enfin des bonnes nouvelles (2016), David et Madame Hansen (2012), ou encore La Cliente (2007). Elle a de plus, prêté sa voix à plusieurs films et séries d’animation. À la télévision, elle joue notamment dans la série L’Art du crime (2017). À la radio, elle participe à de nombreuses fictions radiophoniques sur France Inter et France Culture. Pour le seule en scène L’Affranchie, elle est l’auteure et l’interprète. Pauline étonne par la palette d’émotions qu’elle dégage de ce personnage torturé, mais si attachant. Pauline éprouve beaucoup d’affection pour Alice, son personnage et cela se ressent, la salle est captivée, attentive au moindre souffle d’Alice/Pauline.

Elise Touchon Ferreira a été formée à l’Académie Internationale des Arts du spectacle à Montreuil, puis à l’atelier la danse de l’acteur à Paris, ainsi qu’au Labo Clown à Montreuil.

Au théâtre, elle a joué entre autres dans La nuit des rois de Shakespeare au Studio Albatros; Les Deux Gentilshommes de Vérone de Shakespeare au Lycée La Courneuve; Georges Dandin de Molière à Livourne; Pourquoi faire simple de Rémy Giordano à Paris; et L’Opéra du gueux de John Gay à Tarbes. Avec L’Affranchie, elle signe une mise en scène épurée, sensible et intelligente, qui laisse une totale liberté au personnage d’Alice pour nous raconter son histoire.

« L’Affranchie c’est une traversée des ténèbres jusqu’à l’aube, un plateau qui s’illumine imperceptiblement pour finir gorgé d’une lumière victorieuse, sans frontière. » (Elise Touchon Ferreira). Ce bouleversant seule en scène est à découvrir les mercredis 13 et 20 mars à 19h30, ainsi que les vendredis 15 et 22 mars à 21h au Théâtre de Nesle. 

crédits photos: Compagnie Théâtrale ZUT

Théâtre de Nesle

8 rue de Nesle

75006 Paris

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