C’est une comédie déjantée au rythme dynamique que j’ai le plaisir de vous présenter en ce début de semaine. Qui vole un oeuf est une comédie sur un sujet encore trop souvent tabou, à savoir la PMA (procréation médicalement assistée), mais aussi une belle histoire d’amitié d’un trio féminin improbable. Une pièce de théâtre très divertissante, servie par des comédiens très talentueux, irrésistibles de drôlerie. Ne manquez pas cette pièce qui se joue en ce moment au théâtre Le Funambule Montmartre.
Une comédie déjantée et engagée
Sandrine Joyeux, comme son nom l’indique, est en plein deuil de son mari, elle qui rêvait d’avoir un enfant. Désormais une seule chose compte pour elle: tomber enceinte de lui grâce à une fécondation in vitro… Mais la loi lui interdit de faire un bébé toute seule. Aidée de Blandine, sa cousine avocate un brin tradi, et de l’ex de son mari Barbara, infirmière libérée, elle organise alors un plan machiavélique… À elles trois, elles vont faire chanter un docteur sexiste qui détient ses embryons, filer en Espagne en suivant un obscur « Protocole Z », rejoindre la Belgique en hélico, et tenter d’échapper à toutes les polices d’Europe… tout cela une glacière à la main!
À travers une suite de situations rocambolesques, l’auteure Julie Neveux a souhaité mettre en exergue le fait qu’aujourd’hui en France, la PMA n’est accessible qu’aux couples hétérosexuels, mariés, pacsés ou vivant en concubinage. Si un projet de loi intitulé « PMA pour toutes » est en débat au parlement, à l’heure actuelle les couples homosexuels et les femmes célibataires en quête d’enfant doivent alors affronter un véritable parcours du combattant. Suite au décès accidentel de son mari, Sandrine, le personnage principal, va découvrir cette réalité sociale française et en incarner l’injustice.
Par cet enchaînement allant crescendo, l’auteure et la metteure en scène nous amène à réfléchir sur les motivations réelles de ce désir d’enfant. En effet, celui-ci masque parfois la peur de ne pas être une femme au sens où l’entend notre société, où chaque femme est une mère en puissance.
Si ce road-trip rocambolesque est féministe, il n’est pas complaisant pour autant. J’ai beaucoup apprécié cette histoire d’amitié de ce trio improbable qui va au final se libérer des rôles bien définis que leur avait assignés la société. C’est amusant, libérateur, d’une fraîcheur et d’une exquise drôlerie!
De talentueux comédiens
Isabelle Ferron (Blandine) – Comédienne et chanteuse de formation, Isabelle s’attache à conjuguer une carrière musicale, cinématographique et théâtrale. Elle est à l’affiche de La Cantatrice Chauve, du Prince travesti … Elle a chanté dans plusieurs Comédies Musicales : Les Misérables, La Java des mémoires, Les Années Twist, Le Passe Muraille, Roméo et Juliette, Le Violon sur le Toit, Fantasmes de Demoiselles…
Au cinéma, on a pu voir Isabelle dans Pédale Douce, Monsieur Naphtali, Le Pari, La Mort d’Auguste, Mes Meilleurs Vacances. Elle a également joué sous la direction de Jean-Luc Moreau dans Happy Hanouka, dans Calamity Jane et dans La Leçon. Récemment, elle était à l’affiche de Les Nombrils, Coiffure et Confidences, ainsi que Peau de Vache.
Elle est irrésistible dans le rôle de Blandine, cette bourgeoise tradi, un brin coincée, qui se révèle être une femme de caractère avec un grain de folie rafraîchissant. Un personnage très attachant.
Floriane Muller (Sandrine) – Formée aux Arts et Métiers du spectacle, au théâtre elle joue Molière, Peter Handke, Dugowson, Copi. En parallèle elle crée un spectacle pour enfants puis elle jouera dans une dizaine de comédies contemporaines en tournée dans toute la France : Arrête de pleurer Pénélope 1 et 2, Les vilaines, Colors le spectacle d’improvisation… ce qui l’amènera à jouer au Festival d’Avignon neuf ans de suite. Vous avez aussi pu la voir au cinéma dans des comédies avec Alexandra Lamy ou Kad Merad. Elle fait aussi de la pub et du doublage.
Depuis avril 2018, elle joue en alternance dans J’aime beaucoup ce que vous faites au Café de la Gare à Paris.
Floriane campe avec brio son personnage de veuve en quête d’enfant, tantôt attendrissante, tantôt complètement dingue, sa grande présence scénique donne corps à ce personnage truculent.
Jane Resmond (Barbara) – est comédienne avant tout. À la sortie du Cours Viriot en 2003, elle monte directement sur les planches qu’elle ne quittera plus jusqu’à aujourd’hui. Elle excelle dans les comédies contemporaines. Drôle et pétillante, elle enchaine les pièces et oscille entre les rôles de femmes de caractère La Libibandine de Julie Neveux et les blonde ingénues, notamment dans la pièce à succès J’aime beaucoup ce que vous faites, au Palais des Glaces et au Café de la Gare. Le public a aussi pu la voir dans la pièce Les Nombrils de Didier Caron au Théâtre Michel. Aussi auteur, elle a écrit son one woman show Va falloir y aller qu’elle joue régulièrement depuis 2011 à Paris et en tournée.
Lorsqu’elle n’est pas derrière un rideau rouge, Jane est au cinéma ou à la télévision. Elle a incarné le rôle d’une hôtesse de l’air au coté de Vincent Elbaz dans L’assaut et dans le dernier film de Pascal Bonitzer Cherchez Hortense.
Son rôle de Barbara est pétillant, un brin sarcastique, puis se révèle être une amie tendre et loyale.
Arnaud Cassand (Aimé/Dr Rodrigue/Dr Rodrigo) – Normand d’origine, Arnaud ramène sa pomme sur les planches depuis plus de vingt ans avec des pièces comme Le dernier jour d’un condamné, Léonie est en avance mais aussi avec des pièces plus contemporaines comme Drôle de nuit à la Comédie Bastille ou Ladies Night au Palais des Glaces.
Il fait aussi quelques incursions sur le grand et le petit écran à travers divers films, téléfilms et publicités : Fais pas ça, fais pas ça, Tais-toi ! de Francis Veber. En 2005 il saute le pas et écrit et réalise son premier court métrage intitulé Mes vœux les plus sincères, diffusé sur Canal+. Il est aussi auteur de deux pièces de théâtre : Avec ou sans toit et Il va y avoir du grabuge.
Ses personnages sont ceux qui m’ont fait le plus rire, son accent espagnol à couper au couteau est irrésistible. Seul homme dans ce road-trip féminin, il apporte son humour et son talent.
Un texte audacieux et une mise en scène originale
Julie Neveux, l’auteure, normalienne en philosophie et agrégée d’anglais, elle est à la ville Maître de Conférences en linguistique et littérature anglaise à la Sorbonne, et à la scène, metteure en scène occasionnelle (Les Acteurs de bonne Foi, Pour ses beaux yeux, Je serai toujours là pour te tuer) et auteure de comédies (La Libibandine, au Théâtre du Funambule et au Théâtre Michel en 2013, Le Déclic, en projet, Qui vole en oeuf, en production au Funambule).
Sandra Everro (metteure en scène) s’est formée en tant que comédienne au cours Viriot. Depuis 2006, elle est directrice du Théâtre le Funambule Montmartre. En 2014, elle intègre la compagnie de Fabio Marra, Carrozzone Teatro. Aujourd’hui, sa préférence va vers la mise en scène après la création du Journal d’Anne Franck, Drôle de nuit de Frédérick Sigrist, Le week-end du 4 au Ciné 13, et l’adaptation du film d’Emmanuel Mouret Un baiser s’il vous plaît à Avignon en 2015 et Paris en 2016.
Ne manquez pas cette irrésistible comédie au théâtre Le Funambule Montmartre, du mercredi au samedi à 19h30 ou 21h et le dimanche à 17h30. Le spectacle dure 1h15.
crédits photos: Coupe-File Communication
Le Funambule Montmartre
53 rue des Saules
75018 Paris
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Le petit monde de NatieAK
10 février 2019Hello
Figure toi que je n’avais pas encore entendu parler de cette pièce !
Aborder la PMA de façon humoristique, c’est original!
Bises
Princesse Acidulée
23 février 2019Le sujet est en effet risqué, mais c’est amené avec tant de drôlerie, c’est irrésistible! Mille bises ma belle.
Annie
11 février 2019Bonjour Bénédicte,
le casting a l’air vraiment sympa, ça donne vraiment envie.
Bises.
Annie
Princesse Acidulée
23 février 2019Ils sont tous si talentueux!! Bise ma douce Annie <3
Yannick
11 février 2019La pièce à l’air complètement folle et très rythmée.
Je vais surement aller la voir.
Merci pour ta critique Bénédicte.
Y
Princesse Acidulée
23 février 2019Oui c’est frais, loufoque, génial! Bon we Yannick.